Il y a comme ça dans la grande saga du rock, des groupes qui ont profondément marqué leur passage par des productions d'une qualité exceptionnelle. Pour synthétiser la carrière de Pavlov's Dog : c'est essentiellement 2 albums ("Pampered Menial" en 1975 et "At the Sound of the Bell" en 1976)... 3 autres suivront mais le public n'y était plus ! Pour présenter celui d'aujourd'hui, j'ai préféré laisser la plume au plus fin chroniqueur rock de l'Hexagone (... donc du monde !), en reprenant son papier paru dans le magazine Rock & Folk de septembre 1975.
" Qui oserait encore en douter, hein, qui ? Murray Krugman et Sandy Pearlman sont deux génies, deux rusés qui connaissent tellement bien les ressorts du business que leurs productions marchent à tous les coups. Ainsi leur petit dernier : Pavlov's Dog... Bon, eh bien, c'est le groupe que toute la critique s'arrache ; celui dont on parle au bar d'en face ; celui que l'on prétend écouter à longueur de nuits... Et un nom pareil, c'est rêvé ! Voilà tous ces cocos qui vous en tartinent long comme le bras, après vérification dans le bouquin de sciences de troisième, à propos de Pavlov et de ses clébards, wouf-wouf/ding-dong... car c'est du rock décadent, et la décadence, my friend, la divine décadence, le dandysme (c'est bien connu) c'est la Révolution.
En fait, le rock dit "décadent" n'est qu'une musique plutôt ringarde, relevant d'une variété électrifiée sur laquelle on a rajouté des vocaux croquignoles (la voix de castrat étant perçue comme bisexuelle), vocaux qui racontent de petites horreurs, si, si, si, comme la fois où Billy a touché la fermeture éclair à Jack (deux garçons, ohé, vous avez saisi ?). C'est en poussant ce raisonnement à l'absurde que le tandem Krugman/Pearlman a produit Pavlov's Dog. Et tout y est, cent fois, mille fois mieux que chez les Sparks, les Bobo et autres Winkies, Frenchies ou Milk'n'Cookies. En fond, des violons, des vrais violons, pas seulement des synthétiseurs. Une basse bien claquante et une batterie bien basse, du piano à queue et une guitare savamment incrustée en douceur malgré son électrique virulence dans toute cette sucrerie, voilà la recette définitive du rock décadent (Pas de saxo, surtout pas de saxo !). Aaaaahhh, mais voilà David Surkamp ! Ça c'est un chanteur bisexuel ! Une voix incroyable, suraiguë, outrageuse, bref, un Russel Maël que l'on sodomiserait en 78 tours. Un vrai petit bijou que cette voix toute gondolée par le simulacre du plaisir. Et puis les Pavlov's sont beaux, distingués. Ils n'ont pas d'acné comme les...hum, hum... Dictators. Ils sont tous premiers prix du conservatoire, eux. Ils viennent de Philadelphie, et pas du Bronx, eux. Ils sont charmants, et puis leur pochette a une classe ! Un Robert Vernon 1849, vous pouvez imaginer cela, vous ?
Alors, dans sa démesure voulue, affirmée, dans ce paroxysme enfin immortalisé, Pavlov's Dogs va enfoncer tous les groupes à prétention outrageuse : et c'est normal, puisque leur musique a choisi d'être le summum du baroquisme affirmé (qui dit baroque dit décadent, because si les baroques n'ont pas grand chose à dire, il faut voir comme ils disent). Et cet album est une indispensable pièce de stuc boursouflée, à laquelle il ne manque pas un angelot joufflu et doré, trompétant vers les cieux les histoires les plus banales avec les arrangements les plus surfaits des 10 prochaines années. Génial, encore que je préfère les chats. "
(Philippe Manœuvre)>>>>> THE ADVENTURES OF ECHO & BOO
01 - Julia
02 - Late November
03 - Song Dance
04 - Fast Gun
05 - Natchez Trace
06 - Theme from Subway Sue
07 - Episode
08 - Preludin
09 - Of Once and Future Kings
10 - Theme from Subway Sue (Live Detroit 1975)
11 - Preludin (Live St. Louis 1975)
12 - I Wish It Would Rain (Live St. Louis 1975)
13 - Rainbow (From the 1969 Album 'Street Suite')